Le plus grand concept du monde

Photo - réseaux sociaux.

Merci et félicitations à l'antenne croate de Iniciativa Mladih za Ljudska Prava (Initiative des Jeunes pour les Droits de l'Homme), une ONG présente dans plusieurs pays d'ex-Yougoslavie, qui travaille à l'examen du passé récent, à la reconnaissances des crimes commis par "son camp", et à la réconciliation (pour résumer).

C'est elle qui a acheté des encarts sur des panneaux publicitaires à Zagreb, avec la mention "Antifašizam je najveći koncept na svijetu !" : "L'antifascisme est le plus grand concept du monde !".

Le slogan est un jeu de mot qui détourne celui de la production de Thompson (voir mon post précédent), qui clamait que le raout de la star du rock cléricalo-fasciste serait le "plus grand concert du monde" ("najveći koncert na svijetu"). Un marketing d'ailleurs repris sans recul par bon nombre de médias croates. Le choix de mettre les mots "l'antifascisme est" en petit, pour obliger à s'approcher de l'affiche, mais aussi peut-être pour symboliser l'oppression de ce courant politique dans la société croate actuelle, est particulièrement pertinent.

Les pancartes ont vu le jour la veille du concert de Thompson, sur des axes situés à proximité de l'hippodrome (où le spectacle se tenait). L'ONG n'a dévoilé que le lendemain du show que c'était elle qui était derrière ces pancartes, laissant d'abord le buzz s'installer. Dénonçant "le plus grand rassemblement fasciste tenu à Zagreb depuis la Deuxième Guerre Mondiale" (décidément, le superlatif est le fil rouge de cette actualité), elle a rappelé que l'antifascisme est une des valeurs fondatrices de la Croatie, et a exigé des institutions locales et nationales qu'elles condamnent les comportements et slogans exprimés durant et à proximité du concert. Elle appelle également à prendre les mesures éducatives, légales et judiciaires nécessaires contre ces comportements (son communiqué, en anglais, ici).

Cette initiative est sans doute un grain de sable dans un océan de néo-fascisme, et elle ne fera pas changer d'avis les supporters de Thompson (ce n'était pas non plus l'objectif). Cependant, elle sauve l'honneur et donne un peu d'air aux nombreux Zagrébois qui, sur les réseaux sociaux, ont exprimé leur mélange de dégoût et de peur face à cette orgie fascistoïde, et à la mansuétude politique, médiatique et policière, qui l'a entourée (ceux qui n'ont pas pu quitter la capitale se sont confinés chez eux).